L’histoire de l’escalade, ce drôle de sport avec ses petits chaussons et sa magnésie.
Mais comment ce sport est né ? Comment a-t-il évolué ?
Bon, c’est vrai, a priori l’histoire du monde ça ne t’intéresse pas plus que ça. Tu as appris par cœur pour le Bac, et maintenant tu ne veux plus en entendre parler.
Pourtant, il y a plein de petites anecdotes croustillantes qui feront de toi une bête au Trivial Pursuit version Escalade !
Klimbr te dévoile un petit historique du sport de l’escalade, avec pleins de détails exclusifs que tu ne trouveras nulle part ailleurs !
(Parce qu’on est une équipe qui creuse, qui interview et qui fait des recherches approfondies – on te recommande d’ailleurs la bibliothèque de Genève pour ça).
Comment est né l'escalade ?
Les débuts
L’ascension de sommets est née en 1492, avec la toute première ascension du mont Aguille dans le massif du Vercors (en France !).
À l’époque ce sommet était jugé inaccessible, et c’est à renfort de cordes et d’échelles que le sommet fut atteint.
Il faut ensuite attendre jusqu’en 1786 pour revoir une ascension notable, avec celle du mont Blanc (encore en France !)
Dans le courant du romantisme et de l’attrait pour la nature, se développe le tourisme en vallée montagnarde. Le milieu des années 1800 voit alors grandir le nombre d’exploration des sommets alpins, avec notamment la première ascension du Cervin en 1865, et celle de la Meije en 1877.
En 1876, la toute première descente de la Gorge des Grandes Varappes au Salève (en France toujours !) se fait à l’aide des mains et d’une corde. On nomme cette activité avec le même nom que la voie qui a été descendue : La VARAPPE (autre nom pour l’escalade) était née ! (et cette histoire, à part sur Klimbr, personne ne la connait)
La vrai naissance (1880)
C’est donc à partir de la toute fin des années 1790 que se développe un type d’ascension différent de l’alpinisme. Un style différent de ce qui était connu jusqu’ici : celui de la grimpe avec utilisation des mains sur le rocher.
C’est au début des années 1880 qu’ont lieu les toutes premières ascensions notables, dont celles de l’aiguille de la Varappe, du Grépon et des Grands Charmoz (dans la vallée de Chamonix, en France …), dans des voies côtées V aujourd’hui.
Dès lors, les grimpeurs comprennent que pour progresser et pour réaliser des voies plus difficiles en altitude, il faut s’entraîner dans la plaine.
Les sorties se développent alors, notamment en bloc à Fontainebleau (France), et en falaise dans le Peak District (UK) ou à Dresde (Allemagne).
En 1905, Perry-Smith grimpe pour la première fois dans du 6e degré.
Le baromètre de difficulté est adapté en fonction et pendant longtemps on considérera ce niveau comme la limite des possibilités humaines dans le domaine de l’escalade.
Les débuts (1900-1950)
De 1900 à 1950, l’escalade pure progresse rapidement, grâce au développement du matériel mais aussi et surtout grâce à l’implication de grimpeurs d’exception comme Raymond Lambert (Suisse), Pierre Allain (France), Ricardo Cassin (Italie) et Hans Dülfer (Allemagne).
- 1914 : Hans Dülfer invente le mousqueton
En 1932 est créée l’Union Internationale des Associations d’Alpinisme (UIAA) à Chamonix, pour établir une norme d’escalade commune à tous les pays.
- 1935 : Pierre Allain invente le mousqueton à ressort
- 1935 : Henri Bernot invente la corde en fibres synthétiques
Les années avant-guerre sont une course au nationalisme et chaque pays tente de gravir des sommets encore jamais atteints.
Des voies réputées comme impossibles car trop techniques deviennent les nouvelles cibles de grimpeurs à la recherche de défis.
- 1947 : Pierre Allain invente le chausson d’escalade ! (et ça, tout le monde l’a oublié. Mais pas nous.)
L'expansion (1950-1980)
À la traîne depuis le début, les Américains renversent la tendance après avoir réussi à ramener d’Europe le matériel nécessaire à leurs ascensions.
Le parc de Yosemite est pris d’assaut, le matériel évolue très vite, et les premières salles d’escalade ouvrent.
- 1960 : John Gill utilise de la magnésie. Une première en escalade
- 1967 : Greg Lowe créé le premier coinceur mécanique
En 1970, la première voie dans le 7e degré est ouverte par Ron Kauk.
Il faudra attendre 1977 pour que le premier Français, Patrick Edlinger, réalise un premier 7a
- 1979 : Tony Howard, Alan Waterhouse et Paul Sedon inventent le premier baudrier-cuissard moderne (jusqu’ici on s’encordait à même la corde ou sur une ceinture)
C’est dans ces années-là que les grimpeurs décident de suivre le concept éthique de l’escalade libre. Jusqu’ici, l’ajout de matériel pour contourner un obstacle ou la modification du terrain était acceptés.
L’escalade libre, elle, indique qu’il ne faut pas détériorer les voies et qu’il faut réussir les ascensions sans aide.
Démocratisation et médiatisation (1980-2010)
S’il a fallu attendre 65 ans entre le 6e et 7e degré, le 8e degré est lui atteint dès 1979.
- 1980 : invention du goujon, un type de piton à expansion qui peut s’insérer à même la roche. Si avant 1980 les pitons a expansions ne pouvaient s’insérer que dans des fissures naturelles, ils peuvent désormais s’insérer dans n’importe quel trou fait à la perceuse.
S’ensuit une explosion de premières sur des voies de type « dalles » qui ne pouvaient pas accueillir de protections jusqu’ici (avec une info comme ça en tête, vous êtes un vrai geek de l’escalade).
En 1982, le documentaire La vie au bout des doigts sur Patrick Edlinger connaît un succès mondial, jusqu’à être nominé aux Oscars. Le grand public découvre alors l’escalade.
Tout s’enchaîne alors très vite.
Les petits fabricants de matériel deviennent des géants industriels et innovent constamment pour améliorer le matériel.
La première compétition internationale d’escalade à lieu en 1983
Le grimpeur Allemand Wolfgang Güllich ouvre le premier 9a de l’histoire en 1991.
Côté femme, Catherine Destivelles est, en 1986, la première femme à atteindre un 8a.
Le milieu des années 1990 voit le plafond des difficultés en voie être atteint.
Au même moment se développe une nouvelle discipline un peu mise de côté jusqu’ici : le bloc.
Toujours au milieu des années 1990, les salles d’escalade se développent.
Si jusqu’ici elles offrent surtout des murs artificiels pour s’entraîner à la voie, la salle «Grimper» d’Aix-en- Provence révolutionne le style en ne proposant que du bloc.
L'explosion des salles de bloc (2010 - Aujourd'hui)
La création de salles d’escalade fait naître toute une nouvelle génération de grimpeurs n’ayant pas forcément accès aux falaises des montagnes.
Cela permet également de révéler des talents de plus en plus jeunes, comme Adam Ondra qui en 2006 atteint le 9e degré à l’âge de 13 ans, ou encore Ashima Shiraishi qui en 2021, et à l’âge de 11 ans, réussi un bloc côté 8B.
Partout dans le monde, le milieu des années 2010 voit exploser le nombre de salles d’escalade dédiées uniquement au bloc.
La salle de bloc à l’avantage de ne pas demander de grosse hauteur sous plafond, et ne demande pas aux grimpeurs novices d’apprendre les techniques de corde nécessaires pour grimper en voie.
